Autour du cahier d’écrivain en maternelle


Le cahier d’écrivain, compris comme une déclinaison ou un aboutissement du cahier d’écriture inventée est à la fois un support utilisé par de nombreux enseignants d’école maternelle mais il faut bien reconnaître qu’il est à la fois exigeant, souvent chronophage et demande beaucoup de patience avant de révéler son efficacité. mais quelle efficacité !

 

Dans les différents lieux où on peut le voir fonctionner, les enseignant(e)s engagé(e)s dans ce dispositif n’y renonceraient pour rien au monde, face aux progrès de leurs élèves en termes d’écriture mais surtout en retombées collatérales sur l’apprentissage de la lecture comme en témoignent les enseignants de CP qui accueillent les élèves ainsi entraînés

 

En « surfant » sur la Toile, vous trouverez, à n’en pas douter, plusieurs centaines de pages sur ce thème (en fait plus de 71 000 résultats), c’est pourquoi, cette petite synthèse vous est proposée.

 

Tout d’abord, il ne vous aura pas échappé que la maquette proposée pour les futurs programmes de l’école maternelle, sur laquelle vous avez « planché », redéfinit l’approche de la lecture quasi uniquement par les supports écrits (en regard du recours aux supports lus des divers programmes précédents). C’est donc une forme progressiste de réponse institutionnelle qui est proposée dans le recours au cahier d’écrivain.

 

Ensuite, notre attachement commun à l’école maternelle et les actions menées pour que cette école, que les divers exigences (agressions) institutionnelles précédentes (évaluations primarisantes, structurations topologiques élémentaires, contenus propédeutiques sans valeur sémantique etc…) ont privé de son âme initiale, nous rappellent (un temps que les moins de vingt ans….) les anciennes IEN maternelles qui étaient, et de loin, créatrices de ressources, de supports et de démarches qui ont malheureusement disparu. 

 

Ce sont donc deux temps particuliers qui me semblent pouvoir bénéficier du travail proposé : le temps d’accueil et les rituels…

 

Il y a des dizaines de temps d’accueil différents mais il faut l’avouer qu’on y trouve que rarement son compte, comme tout aussi difficilement dans les rituels souvent réduits à de de répétitives « mauvaises habitudes » ainsi cataloguées parce qu’elles ne portent plus de sens, on n’y apprend plus grand chose, on confond rituel et ritournelle, accueil et occupationnel (C’est un des axes principaux donné aux formations des jeunes FES et PES accompagnés en circonscription).

 

Je vous propose donc de réunir tous ces éléments dans un grand « shaker » pédagogique et d’essayer de proposer une approche de la lecture en ouvrant le « droit à l’écriture» au sein des activités d’accueil et des rituels.

 

Quelques principes généraux:

 

L’écriture inventée: l’enfant, l’élève, spectateur de l’adulte en situation d’écriture ou d’écrivain, comprend que le geste n’est pas gratuit, que ce geste a « un sens ». On lui permet donc « d’écrire » (on obtient souvent des « gribouillis »  en début de processus). Il convient ensuite qu’il verbalise ce qu’il a écrit, l’adulte écrit dans une écriture normée, ce que l’enfant a voulu écrire et souligne les similitudes entre la production de l’enfant et la réalité de ce qu’il a voulu écrire. Beaucoup de bienveillance s’impose voire même une certaine complicité. Il convient aussi de revoir l’organisation de sa classe pour se dégager de vrais temps de disponibilité pour ce type de travail.

 

Progressivité: Il convient que l’enfant prenne conscience qu’il dispose d’outils divers et variés (notamment dans les affichages et « trésors » de la classe), outils qui vont lui permettre de référencer son écriture qui va , au fur et à mesure, quitter le côté « inventé » pour une phase « construite ». C’est toujours le temps duel avec l’adulte qui permettra à l’enfant d’identifier ce qui est juste, ce qui est à améliorer, les permanences, les désinences etc…

 

Aboutissement: Un vrai travail d’apprentissage est organisé autour des outils (nature et organisation) et l’enfant produit un écrit grâce à ces outils mais également en en justifiant l’outillage.

 

Le « tout pédagogique » consiste pour les enseignants à mettre ces différentes phases en musique sur la partition de leurs classes en fonction des thèmes abordés, des apprentissages visés etc…

 

 

Pour terminer , ceci…Une simple proposition.

 

Chaque jour, vous faites l’appel… Vous êtes dépositaire voire propriétaire du cahier d’appel…. N’est-ce pas là un support d’écriture ignoré?

Si les habitudes de classe (Fin de MS, GS) permettent aux enfants de repérer la présence d’un camarade, pourquoi, lors de l’accueil, ne pas leur permettre de l’écrire « Pierre est là » (ou les déclinaisons suivantes et complexifiées progressivement “Pierre est présent, Pierre est en classe, On est lundi, Pierre est là”, etc……)….

Ainsi, on écrit, on travaille un contenu lexical, on entraine une forme syntaxique, l’accueil devient un moment dynamique et que dire de l’appel qui n’est plus subi mais acté par les élèves et leurs écrits….

 

Si cette démarche vous intéresse, il vous suffit de me contacter rene.chamerois@ac-lille.fr